1) Planter de grands plants fait gagner du temps

Non, c’est un mauvais calcul. Planter grand permet de donner l’illusion immédiate d’un arbre, mais cette démarche onéreuse n’aboutit qu’à des “trompe-l'œil”. Pourquoi ne plante-t-on pas de jeunes plants dans les parcs et les villes? Tout simplement parce qu’ils ne marquent pas assez fortement le paysage au moment de leur plantation.
Toutes les expériences montrent que plus le système racinaire est important par rapport à la partie aérienne et plus le plant aura une bonne croissance après la plantation. Or, planter de grands plants, c’est choisir des sujets déséquilibrés au niveau du rapport biomasse racines/tiges. Leurs racines ont séjourné trop longtemps dans des volumes nettement inférieurs à ceux qu’elles prospecteraient naturellement. Ce confinement provoque des déformations racinaires et donc une instabilité des arbres. Il faut noter que tailler les branches immédiatement après la plantation, comme cela est souvent réalisé, ne règle évidemment pas les problèmes évoqués ci-dessus; cette pratique est totalement néfaste et inutile.
Planter des petits plants, c’est avoir un système racinaire de qualité qui stimulera la croissance aérienne. De plus, n’ayant pas besoin de tuteur, le jeune plant consolidera naturellement son ancrage en fonction des vents dominants.
Finalement, vous obtiendrez un jeune arbre en pleine santé qui rattrapera son retard et dépassera les sujets plantés plus grands, et pour un coût modique.


2) Le lierre nuit aux arbres

Lierre et arbre se rendent mutuellement service. Le lierre protège les arbres contre les parasites et les excès du climat, tandis que les troncs permettent à la liane d’accéder à la lumière.
Le lierre n’est pas un parasite. Il ne prend à l’arbre ni sa sève brute (eaux et minéraux issus du sol) ni sa sève élaborée ( sucres produits par les feuilles). Il n’étrangle pas non plus les arbres. Il a une croissance lente et progresse verticalement, ce qui permet aux troncs de grossir normalement sans être étranglés.
Le lierre protège également les arbres. Il permet d’atténuer les excès du climat tels que les coups de soleil sur les écorces ou les fortes gelées. Il abrite de nombreux auxiliaires et oiseaux qui jouent un rôle très important dans la destruction des parasites. Il est une source importante de nourriture pour les abeilles.
Enfin, le lierre participe à la purification de l’air. Il absorbe et détruit certains solvants dont le benzène, un produit cancérigène présent dans les peintures et les solvants.


3) Au printemps, les arbres se couvrent de bourgeons

Les arbres portent des bourgeons toute l’année. C’est dès la fin de l’été et en automne, une que les rameaux se sont quelque peu lignifiés, que les bourgeons sont préparés pour l’année suivante. Ils ont fabriqué des ébauches de feuilles, de branches et de fleurs, puis leur activité s’est arrêtée. Au printemps, avec l’augmentation de la température et de la luminosité, certaines hormones de la plante sont activées; les bourgeons entrent de nouveau en action.


4) Il faut ramasser les feuilles mortes à l’automne

Pourquoi, au nom de la propreté, ramasser et évacuer les feuilles et brindilles tombant au sol, alors qu’elles le nourrissent? Leur retrait peut être justifié en ville pour des raisons de sécurité, mais pourquoi le généraliser aux parcs et jardins? Non seulement on a tout intérêt à laisser les feuilles au pied des arbres mais il est conseillé d’apporter dans ces milieux ouverts de la matière organique supplémentaire sous forme de bois et d’écorces déchiquetés, de rameaux fragmentés, de feuilles ou de paille. Ces différentes pratiques regroupées sous le terme de “paillage” ou de “mulch” favorisent l'activité biologique des sols et ainsi facilitent les échanges entre les arbres par champignons interposés. Par ailleurs, elles représentent une très bonne alternative au désherbage chimique et ralentissent le dessèchement des sols en été.
Il existe cependant quelques exceptions: jetez ou brûlez les feuilles d’arbres fruitiers si elles sont parasitées (cloque du pêcher, etc), afin d’enrayer la propagation des maladies. Même chose avec les marronniers attaqués par la redoutable mineuse (larve du papillon Camera obridella).


5) L’activité des arbres s’arrête en hiver

Dans beaucoup de dictionnaires horticoles, la dormance hivernale est définie comme la période pendant laquelle un végétal suspend son activité. Certes la vie est ralentie, mais diverses activités persistent.
La respiration reste active, même sous la neige. Elle permet, grâce à la consommation de dioxygène, de dégrader une partie des réserves de l’arbre pour produire l’énergie nécessaire à l’entretien des tissus vivants.
L’élongation des racines ne semble pas passer par une période de dormance hivernale. Le sol, isole les racines des variations thermiques saisonnières, surtout en profondeur. De plus, les seuils d’allongement des racines se situent entre 2°C et 4°C. Les racines peuvent donc continuer à croître en hiver.
Enfin, la photosynthèse reste possible, via les feuilles pour les arbres à feuillage persistant, ou grâce à l’écorce des jeunes rameaux. Une grande partie du CO2 produite au cours de la respiration hivernale est refixée grâce à la chlorophylle présente dans les jeunes écorces. .Le gain supplémentaire en sucre produit par ces rameaux est non négligeable, notamment au printemps lorsque la croissance à commencé et que les feuilles ne sont pas encore fonctionnelles.


6) La taille ne se pratique qu’en hiver

En été, grâce à la présence de feuilles permet à l’arbre de réagir aussitôt en initiant des mécanismes réparateurs: mise en place de barrières chimiques contre les pathogènes, recouvrement des plaies, ou encore production de glucide par photosynthèse. L’arbre sera donc davantage protégé suite à une taille estivale.
La taille hivernale présente un autre intérêt: les réserves glucidiques ayant migré essentiellement vers le tronc et l’aissaielle des branches, celles-cis seront moins impactées par une taille réalisée en hiver plutôt qu’en été.
Il reste donc possible de tailler toute l’année, à l'exception du printemps. A cette période, l’apparition des feuilles et la croissance des jeunes branches nécessite la mobilisation d’une grande partie des réserves de l’arbre. Il lui serait donc préjudiciable de réaliser une taille à cette période.


7) Les suppléants font dépérir les arbres

Anciennement appelés “gourmands”, appellation à l’origine de très nombreuses erreurs de gestion, les suppléants constituent une véritable assurance-vie pour les arbres.
Les suppléants apparaissent généralement suite à une période de stress: ensoleillement anormalement élevé sur le tronc, déficit hydrique, période de grand froid, attaque parasitaire ou taille sévère. Un des moyens de défense utilisé est la production de suppléants: ils augmentent la surface foliaire de l’arbre et par conséquent la production de sucres: ils permettent d’alimenter et de favoriser le développement du bourrelet cicatriciel en cas de blessure; enfin, ils pourront à terme suppléer les branches de l'arbre à la moindre déficience.
Il faut noter que l’apparition de suppléants suite à une taille est souvent signe que celle-ci n’a pas été correctement réalisée (taille sévère ou coupes mal réalisées). Les suppléants auront alors pour rôle de venir pallier au déficit foliaire causé par cette taille. Une bonne taille est une taille quasiment invisible, qui ne doit en rien bouleverser le développement et la structure de l’arbre.


8) Les arbres creux sont dangereux

Sous prétexte de représenter un danger, de nombreux arbres creux sont abattus ou sévèrement taillés. Or, un arbre creux n’est pas toujours dangereux. Il nécessite à chaque fois une expertise par un professionnel.
La présence d’une cavité dans un arbre est le résultat de l’action de champignons appelés saprotrophes. C’est la plus souvent suite à une blessure de l’écorce, d’une branche cassée ou d’une racine cassée que les champignons pénètrent dans l’arbre.
Tant qu’une cavité se limite au duramen (bois situé au coeur de l’arbre), l’arbre peut continuer à vitre car les circulations de la sève brut et de la sève élaborée se font au niveau de l’aubier et de l’écorce.
Le danger sera essentiellement caractérisé par les dommages potentiels que peut causer un arbre. Plusieurs facteurs seront à prendre en compte: les personnes et les biens susceptibles d’être endommagés; l’essence de l’arbre; la hauteur de l’arbre et son exposition au vent; ses points de fragilité.
Lorsqu’une cavité fermée occupe le centre d’un tronc, elle n’est inquiétante que lorsque l’épaisseur du bois sain mesure moins de 30% du rayon du tronc.
Si l’arbre présente une cavité ouverte, l’angle présenté par cette cavité doit être inférieur à 120°; au-delà, on considère que le risque devient inacceptable.


9) La taille diminue la prise au vent des arbres

Indiscutablement, raccourcir la “voilure” d’un arbre revient à diminuer sa prise au vent. En revanche, la conséquence sous-entendue “Restreindre la prise au vent, c’est diminuer les risques de rupture de branches” est un préjugé tenace responsable de trop nombreuses pratiques infondées qui n’ont pour effet que de fragiliser, affaiblir et enlaidir les arbres.
Sous l’action du vent, l'arbre oscille mais toutes ses structures (rameaux, branches et tronc), ne se comportent pas de la même façon. Cette dynamique graduelle met en jeu de nombreuses fréquences de vibration qui entrent en interaction.
Les déplacements des différents éléments de l’arbre permettent d’amortir les effets de la force du vent. Des études montrent par exemple que le feuillage et les fines branches amortissent plus de 40% de l’oscillation d’un arbre. En d’autres termes, tailler un arbre pour diminuer sa prise au vent revient à réduire dangereusement sa capacité d’amortissement.
Il faut également souligner qu’une taille mal conduite entraine la repousse archaïque d’un population dense de suppléants qui, contrairement aux branches d’origine, sont faiblement ancrées sur leur support. Ils forment ainsi de grands bras de levier exposés aux vents et peuvent donc facilement s’arracher de l’arbre.
Un arbre en bonne santé, même de grande dimension, est solide. Mal taillé, il peut devenir dangereux!


10) Après une taille, il convient d’utiliser un produit cicatrisant

La cicatrisation permet de remplacer des cellules atteintes par des cellules saines. Ce processus n’existe pas chez les arbres. Il est remplacé par un mécanisme appelé “compartimentation”, qui consiste à mettre en place des barrières chimiques (substances antiseptiques) et physiques (nouveaux cernes de bois) autour des tissus malades afin de les isoler du reste de l’arbre.
L’efficacité de la compartimentation dépend des essences. Pour certaines à fort pouvoir de compartimentation (érables, chênes, hêtre, tilleuls, charme…), des branches d’un diamètre allant jusqu’à 10 cm peuvent être supprimées. Pour les espèces à faibles compartimentation (marronnier, saules, peupliers, frênes, bouleaux), l’idéal est d’intervenir sur des branches de diamètre inférieur à 5 cm.
Les produits, en laissant passer l’air et en bloquant l’eau, favorisent le développement de micro-organismes.
Il existe des solutions bien plus efficaces pour limiter les risques pathologiques après une taille: 
  • ne tailler que les branches dont la coupe est justifiée; 
  • adapter le diamètre des coupes aux capacités de compartimentation des essences; 
  • respecter les bons angles de coupes; 
  • affûter et désinfecter les outils de coupe. 

Source: DRENOU Christophe, L’arbre au-delà des idées reçues, CNPF, 2017.